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Entrevue avec Olivier Latry

Entrevues

Qu’est-ce que la construction de l’Orgue a apporté à l’OSM?

Je pense que le Grand Orgue Pierre-Béique est pratiquement comme le deuxième Orchestre symphonique de Montréal. Ce sont deux orchestres qui pourraient se détester, mais qui au contraire s’adorent. Au départ on n’avait pas imaginé qu’on puisse faire autant de choses avec un orgue et là je tire vraiment mon chapeau à tous les responsables de l’OSM, qui ont su tirer profit de cet instrument en cherchant du répertoire et en ayant des idées très originales, ce qui permet justement à l’orgue de se développer non pas parallèlement à l’orchestre, mais avec l’orchestre.

Quelle réputation le Grand Orgue Pierre-Béique a-t-il dans le monde et comment cela contribue-t-il au rayonnement de l’OSM?

Je me souviens de mon collègue Michel Bouvard qui avait eu l’occasion de jouer l’instrument lors d’un concert à Montréal, et qui en avait été absolument enchanté. C’est vraiment un gage de réussite quand des artistes de ce niveau-là ont un avis très positif sur l’instrument. Comme dans le monde de l’orgue, tout fonctionne de bouche à oreille, il suffit qu’il y ait déjà une vingtaine d’organistes qui aient joué cet instrument pour que le monde entier sache qu’il y a un très bel orgue à Montréal. Je dirais d’ailleurs que parmi tous ceux que j’ai vus dans les salles de concert à travers le monde, le Grand Orgue Pierre-Béique fait vraiment partie du top 5.

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Parlez-nous de votre statut d’organiste émérite. En quoi consiste-t-il?

Je suis organiste émérite de l’OSM depuis la création de l’orgue et c’est un grand honneur pour moi. Mon rôle est non pas de superviser mais d’être associé aux différents projets sachant que l’équipe de production, composée notamment de Marianne Perron et de Jean-Willy Kunz, font un excellent travail. Quand ils cherchent conseil, je suis là, je réponds présent et j’apporte un petit peu de mon expérience, mais sinon,  il s’agit pour moi de participer à certains projets et à l’élaboration d’une saison en donnant quelques idées.

Comment l’incident de Notre-Dame vous a-t-il affecté?

C’était évidemment une nuit absolument épouvantable à suivre de minute en minute ce qui se passait, en espérant que l’intérieur tienne… On peut vraiment remercier les architectes et les bâtisseurs de cathédrales médiévaux d’avoir réussi à penser que la structure pouvait tenir même si le toit brûlait. Dans le contexte d’une ville médiévale, si la cathédrale flambait, c’est l’ensemble de la cité qui flambait, donc il fallait vraiment la protéger. C’est fabuleux que malgré l’incendie, on ait pu protéger tout l’intérieur ou presque, l’orgue étant totalement intact. De l’apprendre fut pour nous une grande délivrance.

Qu’est-ce que l’orgue nous apprend sur la société musicale qui l’a vu naître?

Je dirais que l’orgue de Notre-Dame est un reflet des époques qu’il a traversées puisqu’il a été restauré tous les vingt-cinq ans depuis le début du XVIIe siècle. Beaucoup de facteurs d’orgues ont travaillé sur celui de Notre-Dame et surtout, les meilleurs du royaume! Ce qui fait qu’on a dans cet orgue non pas un style tout à fait unitaire mais au contraire des strates tout à fait évidentes. Je dirais qu’un orgue, c’est l’âme d’un lieu; il sert de marqueur identitaire. On retourne au Grand Orgue Pierre-Béique, et c’est pareil sinon plus évident encore. Il a vraiment été prévu pour la salle de l’OSM et il fait chanter la Maison symphonique. La signature de l’orgue présente dans le geste architectural de la façade fait qu’en le voyant, vous savez immédiatement que vous êtes à Montréal.

Y a-t-il autre chose que vous aimeriez ajouter?

Vu l’investissement qu’a représenté ce projet – pour moi, pour toute l’équipe de l’OSM, pour Casavant –, c’est fantastique que l’orgue puisse servir de la sorte et soit apprécié par toute la communauté montréalaise, voire au-delà. Il est clair que cet orgue, c’est l’orgue de tout le monde, chacun en est un petit peu le propriétaire et le fait qu’il y ait autant d’affluence aux concerts le prouve bien. J’invite encore les Montréalais à venir nombreux aux concerts d’orgue et à y amener leurs amis!