Katia et Marielle Labèque, une extraordinaire épopée à deux pianos
Les 8, 9 et 11 mai prochains, Katia et Marielle Labèque, pianistes de renommée mondiale, se produiront à la Maison symphonique en compagnie de l’OSM pour jouer le Double Concerto pour deux pianos de Philip Glass, une œuvre écrite à leur intention. Après avoir joué ce Concerto à plusieurs reprises, elles l’interprèteront pour la première fois à Montréal.
Une carrière placée sous une bonne étoile
Initiées à la musique dès leur plus jeune âge grâce à une mère pianiste qui les a guidées dans leur apprentissage, Katia et Marielle Labèque remportent un premier prix de piano au Conservatoire de Paris en 1968. Peu après, elles décident de remettre au goût du jour la formation à deux pianos qui avait connu un âge d’or aux États-Unis, avec Arthur Gold et Robert Fizdale, ainsi qu’avec Aloys et Alfons Kontarsky, en Europe. Malgré des débuts empreints d’incertitude quant à l’avenir de leur duo, Katia et Marielle reconnaissent, après plus de 50 ans de carrière, que la chance et un travail acharné leur ont permis de cheminer ensemble.
La chance leur a en effet souri, lorsqu’encore étudiantes au Conservatoire de Paris, elles croisent Olivier Messiaen qui leur demande d’enregistrer ses Visions de l’Amen. Cette rencontre décisive a éveillé l’intérêt des deux sœurs pour la musique contemporaine. Leurs partenariats fructueux avec des compositeurs de renom tels Adès, Boesman, Boulez, Dessner, Golijov, Muhly, entre autres, et la création de plusieurs œuvres écrites à leur intention ont contribué au renouveau et à l’enrichissement du répertoire pour deux pianos. Pour ces deux interprètes, « jouer de la musique contemporaine est une façon de rester vivante, de rester avec son époque ».
Philip Glass et les sœurs Labèque : une complicité de longue date
« Les sœurs Labèque sont extraordinaires. Elles sont de grandes artistes, et de grandes interprètes. Et elles défendent merveilleusement la musique – non seulement la musique moderne, mais la musique tout simplement. C’était formidable de travailler avec elles. » — Philip Glass
La musique minimaliste, et plus particulièrement celle de Philip Glass, occupe une place signifiante dans le répertoire des deux pianistes avec notamment Four Movements for Two Pianos, le Double Concerto pour deux pianos et, plus récemment, une suite pour deux pianos adaptée de l’opéra Les enfants terribles, enregistrée en 2020 sous le nom Cocteau Trilogy. La création du Double Concerto au Walt Disney Hall, sous la direction de Gustavo Dudamel, reste gravée dans la mémoire des deux interprètes : « Toute la salle s’est levée à la fin, c’était un moment très très spécial » mentionnent-elles.
Hors des sentiers classiques
Affirmant qu’il y a toujours quelque chose qui les pousse à explorer d’autres répertoires, Katia et Marielle quittent délibérément les chemins du classique pour emprunter ceux du ragtime, du flamenco, de la musique basque, du rock ou du jazz — Katia a d’ailleurs joué avec Herbie Hancock et Chick Corea.
La découverte de Thom Yorke – chanteur et compositeur du groupe Radiohead – a été une véritable révélation pour les deux sœurs. À leurs yeux, cet artiste est unique, c’est un des plus grands musiciens actuels. En 2019, elles ont créé son œuvre Don’t Fear the Light, écrite pour deux pianos et synthétiseur modulaire. Mélanger électronique et instruments acoustiques est, selon Katia, la meilleure façon de faire aimer la musique aujourd’hui.
La fusion, la complémentarité et l’énergie caractérisent ces deux musiciennes d’exception. Leur carrière foisonnante les mène à travers le monde, et elles se sont produites devant plus de 100 000 personnes à Schönbrunn, lors d’un récital mémorable donné dans le cadre de La nuit d’été de Vienne.
« Leur interprétation musicale sonne toujours comme une création… L’illusion de l’improvisation est le génie de leurs concerts. » — The Times
Laissez-vous éblouir par ces deux magiciennes du piano lors du concert Le Double Concerto pour deux pianos de Glass.