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L’octobasse : une brève histoire

C’est un certain monsieur Dubois qui aurait construit la première octobasse en 1834, avant que le luthier Jean-Baptiste Vuillaume (1798-1875) n’en fasse une version améliorée en 1849. Deux ans plus tard, ce dernier présentait non pas un, mais trois modèles de sa création à l’Exposition universelle de Londres. De ces trois octobasses, une seule tient toujours debout. Elle est conservée à la Cité de la musique de Paris et les visiteurs peuvent l’admirer tout autant que l’écouter; un casque audio permet en effet d’en entendre le son, qui provient en fait d’un enregistrement de l’octobasse possédée par l’OSM.

C’est sur le modèle de Vuillaume que le luthier français Jean-Jacques Pagès s’est basé pour réaliser la construction de sa première octobasse. Mais d’où l’idée de fabriquer ce colosse lui est-elle venue? Alors qu’il était à la Cité de Paris avec ses étudiants pour observer l’instrument du XIXe siècle et devant la stupéfaction de ceux-ci devant les dimensions de l’octobasse, M. Pagès aurait déclaré : « C’est pas plus compliqué qu’un piccolo, mais avec plus de bois! » – il venait tout juste de terminer la fabrication d’un piccolo.

Après un an de travail, l’octobasse du XXIe siècle était achevée.

Une première octobasse active au sein d’un orchestre

Peu de temps après son arrivée à la barre de l’OSM, Kent Nagano demande à rencontrer Mme Huguette et M. Roger Dubois, grands mécènes des arts, notamment à travers l’entreprise Canimex – qui célèbrera sous peu son cinquantième anniversaire. « Connaissez-vous l’octobasse? », demande M. Nagano à M. Dubois. Celui-ci n’en avait jamais entendu parler, mais feu Mme Dubois avait eu l’occasion d’admirer l’instrument exposé à Paris.

Kent Nagano rêvait depuis des années de munir l’OSM de cet instrument, qui allait combler un espace de basses fréquences encore vacant dans l’Orchestre (que seuls pouvaient atteindre les plus graves tuyaux du Grand Orgue Pierre-Béique). Pour mieux comprendre, rappelons-nous que le la sur lequel s’accorde l’Orchestre se situe à une fréquence de 442 hertz, alors que la note la plus grave de l’octobasse est à environ 25 hertz, soit presque la limite de ce que l’oreille humaine peut distinguer.

Rapidement, M. Dubois découvre Jean-Jacques Pagès et son octobasse. Il n’en faut pas plus pour que le mécène accepte de financer l’achat de l’instrument, menant à sa première utilisation par l’OSM le 20 octobre 2016.

De solo à trio

Devant l’engouement que suscite le nouvel instrument, Kent Nagano convainc Roger Dubois de financer la commande de deux autres octobasses à M. Pagès. Celui-ci accepte et met deux ans et demi à concevoir des instruments plus modernes et plus facilement maniables. Les octobasses sont désormais munies d’un petit clavier, coincé dans une courbe de l’instrument, dont chaque touche actionne un clapet différent installé au-dessus des cordes. Ces clapets sont activés grâce à de tout petits moteurs permettant au musicien de bloquer les cordes aux bons endroits et d’obtenir la note désirée, et ce, beaucoup plus facilement qu’avec le premier modèle qui était à leviers et à pédales.

Roger Dubois prête généreusement les octobasses à l’OSM et tenait à être présent lors de leur assemblage, pour en entendre les premières notes. Il croit fermement que l’Orchestre symphonique de Montréal réaffirmera ainsi son rôle de chef de file sur la scène musicale internationale et que les nouveaux instruments – qui pourront être emportés en tournée – feront bien des jaloux! « D’une certaine façon, les octobasses deviendront la marque de commerce de l’OSM », pense-t-il. M. Dubois est fier de cette réalisation, comme en témoigne une sculpture de bronze qui sera bientôt installée devant le siège social de Canimex à Drummondville, et qui représentera Eric Chappell valsant avec deux octobasses.

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